Lorsque ma jument a peur, elle s'arrête et lorsque je lui demande d'avancer elle recule et donne des coups de cul si je cravache. Par contre, si je mets pied à terre, elle passe partout sans stress. Les balades sont pénibles car je n'arrête pas de descendre de cheval. Le retour de balade se passe très bien, c'est l'aller qui est difficile.
Que me conseillez vous ?
Bonjour Géraldine, le cas de votre jument est intéressant et plus fréquent qu'on ne le pense. J'ai eu moi-même un étalon qui avait exactement ce type de comportement mais à l'époque, je n'avais malheureusement ni les moyens, ni le savoir pour le résoudre.
Je vous demande d'abord d'aller sur le site consulter la page Un peu d'éthologie dans le chapitre Apprivoiser son cheval. Vous y trouverez le paragraphe intitulé Bulles, zones d'influence et attitude. Lisez-le attentivement car nous sommes dans ce domaine.
Commentaires : Pour un cheval, la situation est complètement différente si le cavalier est à pied ou s'il est sur son dos. Dans le premier cas, les bulles se côtoient dans une sorte de ballet, et l'animal y trouve ses marques : il sait qu'en cas de péril, il peut fuir si les bulles sont à distance, et qu'il peut mordre, se cabrer ou ruer si elles s’interpénètrent. Cela le rassure.
En revanche, lorsque le cavalier est sur son dos, les bulles s'encastrent l'une dans l'autre et sa mémoire innée lui crie danger. En effet, dans son inconscient est inscrite l'agression du prédateur qui lui saute sur le dos et met sa vie en grand danger. Cette situation l'inquiète, parfois même le traumatise. Il faudra le rassurer… d'une autre manière qu'au sol, je le répète, car cela réveille des instincts différents.
Préalable important au travail que nous allons entreprendre : Dans le travail monté, nous avons vu que la bulle du cavalier chevauche celle du cheval d'une façon peu rassurante pour lui. Cette bulle doit donc lui transmettre le calme et l'apaisement et non pas l'inquiétude et l'anxiété. Un travail sur soi-même est donc peut-être nécessaire (voir la page Savoir être du chapitre Chevaux difficiles où je développe la notion de rassembler cavalier).
Dans ce domaine de l'interpénétration des bulles, le principe de douleur de Rarey « Tant que le cheval n'a pas mal, il peut tout supporter » nous indique un chemin, celui de la désensibilisation, que nous allons suivre.
D'abord par le travail à pied, bien lui montrer par notre attitude paternelle, qu'il n'a rien à craindre de nous, même si nous sommes son supérieur hiérarchique (voir la relation de dominance et d'amitié que nous devons créer avec lui pour qu'il en soit ainsi). Je vous renvois au chapitre Chevaux difficiles dans sa partie à pied, notamment aux Vertus des flexions. Le résultat de ce travail est que le cheval établit désormais sa zone de sécurité près de son cavalier.
Ensuite, nous passons au travail monté. Là encore, je vous renvoie à la page Le travail monté de ce chapitre Chevaux difficiles. Je répète la première partie à laquelle j'ai ajouté quelques précisions : Vous montez sur votre cheval sans qu’il bouge. S’il bouge (c’est une fuite), ne montez pas mais exercez votre dominance : reprenez calmement la rêne de votre côté et demandez-lui de bouger les hanches (exercice N° 2 du travail à une rêne) sans vous fâcher. Faites-lui faire un demi-tour autour de ses épaules puis revenez à l’immobilité et caressez. Recommencez jusqu’à ce qu’il reste immobile.
Une fois sur son dos, vous ne faites rien et redescendez aussitôt. Répétez ces opérations plusieurs fois pour lui montrer qu'il n'a rien à craindre de vous et le désensibiliser à votre présence sur la selle. Si malgré tout, le cheval manifeste toujours de l'inquiétude, reprenez une rêne (la gauche par exemple) et demandez-lui gentiment un déplacement de hanches sur un demi-tour. Après quoi, relâchez et éventuellement, redescendez de cheval. Et ainsi de suite jusqu'à ce que, une fois en selle sans rien faire, le cheval vous oublie. Vous pouvez alors passer aux exercices suivants.
En gros, quelques exercices à une rêne (prioritairement flexion d'encolure dans l'immobilité à droite et à gauche, puis déplacement latéral des hanches. Dès que cela est acquis, essayez le travail sans rêne au pas, dans le calme.
Vous me feriez grand plaisir si vous me faisiez part des résultats obtenus. Bien à vous.
Texte © Stéphane Bigo – Photos © Véronique ou Stéphane Bigo
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