Acte I – La tradition, identité culturelle ou attentisme déguisé en sagesse ?
Un exemple parmi d’autres
L’image du contact qui apparaît p. 44 du guide fédéral Galop 4 de la FFE (éd. 2022) reprend la « métaphore du fleuret » inaugurée par le général Jules de Benoist dans « Dressage et conduite du cheval de guerre » en 1899
J’accuse notre Système français actuel de dispenser une instruction figée, héritière d’une équitation militaire enfermant le cheval dans des aides qui, en même temps poussent et retiennent et agissent d’un bout à l’autre du mouvement, le réduisant de ce fait au rôle d’instrument à manipuler dans une logique de contrainte et une équitation de soumission.
■ Témoignage d’élève : On m’a appris à tenir mon cheval, pas à l’écouter
Je l’accuse d’ignorer la relation d’adhésion proposé par nos maîtres en légèreté et certains de nos artistes qui prennent en compte :
- une relation basée sur la confiance mutuelle et la communication non violente
- le cheval comme partenaire intelligent capable de répondre à des demandes
- des aides qui encadrent et s'effacent pour permettre au cheval de s’exprimer en pleine liberté musculaire, dans la légèreté et l’équilibre.
■ Témoignage d’élève : Le jour où j’ai ressenti la descente des aides, j’ai compris que je n’avais jamais vraiment monté
Je plaide pour une équitation de tact, basée sur la connaissance et le respect de l’animal, le sens et la mesure du geste, la descente des aides et la remise en question permanente, dans une logique de coopération et un esprit de dialogue et d’adhésion.
■ Michel Henriquet : Le cheval n’est pas un véhicule, c’est un être pensant
Acte II – La devise d’un autre temps
J’accuse la devise « Calme, en avant, droit » en vigueur à l’époque des régiments et des charges de cavalerie de transmettre au cavalier débutant, via le terme « en avant », l’image fausse d’un cheval qu’il faut retenir, difficilement contrôlable, qui l’amène à « se raccrocher aux rênes ».
J’accuse en conséquence cette formule de générer un climat de méfiance, voire d’appréhension qui muselle l’éloquence du cheval et nuit gravement à la relation du couple.
Je plaide pour substituer à cette devise une boussole nouvelle, celle du cheval « Calme, attentif, en équilibre et droit »
■ François Baucher : En équitation, le mot équilibre résume toute la science
et en parallèle d’orienter le cavalier vers un état d’esprit nouveau,
- celui d’un meneur de jeu empathique, maître de ses émotions et de son esprit,
- qui sera en toutes circonstances calme, patient et bienveillant dans un état permanent de remise en question.
Acte III – L’impulsion d’un autre âge
J’accuse nos maîtres à penser d’avoir relié l’impulsion, fondamentale en équitation, à la notion de « en avant ». Ce faisant, de ne pas avoir fait la distinction entre le cheval natif, animal de fuite construit effectivement pour trouver les solutions vers l’avant, et le cheval partenaire, à la fois actif et connecté, qui, dans un climat de confiance, évolue en équilibre dans le cadre des aides.
■ Témoignage d’élève : J’ai appris à canaliser l’impulsion, jamais à la comprendre
Je plaide pour une définition adaptée à l’état d’esprit qui anime ce cheval partenaire :
« L’impulsion est l’énergie et la volonté que met le cheval pour répondre aux demandes de son cavalier. »
Le dialogue de légèreté - Baucher : La position précède l’action - Le cadre des aides met le cheval dans l’équilibre du mouvement. Cet équilibre préalable étant acquis, le mouvement s’enclenche naturellement et les aides ne servent plus qu’à affiner l’action de votre monture qui prend l’initiative du geste dans la descente des aides en « se soutenant de lui-même ».
Acte IV – Encadrement : une formation de techniciens sans expérience pédagogique
J’accuse notre Système actuel de former des enseignants sans expérience pédagogique et sans hauteur de vue, chargés de transmettre des directives, qui se contentent de montrer comment faire sans expliquer le sens de ce qu’ils font.
■ En équitation plus qu’ailleurs il est un temps pour apprendre, un temps pour faire, un temps pour transmettre
J’accuse le manque de place qu’ils accordent au tact équestre, cette sensibilité fine du geste, condition première de la bientraitance de l’animal.
J’accuse notre Système d’oublier que l’école primaire du cavalier (les 4 premiers galops) est fondamentale car c’est là que le candidat cavalier forge son regard (observation), sa pensée (état d’esprit, réflexion, compréhension, remise en question) et qu’il apprend le langage qui va l’ouvrir au dialogue avec l‘animal.
■ Constat d’une « BPJEPS » : On n’est plus que des animateurs
Je plaide pour que la formation de l’enseignant imprime dans son mental la parole de Søren Kierkegaard : Si je veux réussir à accompagner un être vers un but précis, je dois aller le chercher là où il est et commencer à cet endroit,
et qu’en conséquence, il enseigne conformément aux trois essentiels : observer, analyser, comprendre qui permettent d’agir juste.
Je plaide pour que cette formation lui donne une âme d’instituteur chargé de ne pas casser le rêve de ses élèves, de leur transmettre sa passion, de traduire les arguties des experts en propos compréhensibles, et surtout, d’enseigner le sens de ce qu’on fait.
■ Patrice Franchet d’Espèrey : Il s’agit d’expérimenter l’expérience des maîtres avec l’innocence du premier qui a trouvé
Acte V – Enseignement unijambiste, cheval mal éduqué, cavalier démuni, cavalerie à problème
J’accuse notre Système d’avoir édifié le dispositif des galops avec l’hypothèse d’un cheval « mis », sachant que, d’une part, le cheval mis est purement théorique, et que, d’autre part, dans l’esprit de ce dispositif, cheval mis égal cheval soumis, perpétuant une relation asociale de sujet à objet et réduisant la formation du cavalier à des exercices de domination.
Je l’accuse d’avoir utilisé cette pirouette pour bannir la notion d’éducation du cheval de notre paysage équestre et d’avoir rendu de ce fait notre équitation boiteuse avec comme conséquences : chevaux mal éduqués, cavalerie à problème, cavaliers et moniteurs démunis, conflits récurrents.
Je l’accuse par ailleurs d’avoir rangé l’équitation dite éthologique dans les tiroirs d’une activité équestre de second ordre alors que celle-ci propose une pratique qui éduque en parallèle le cheval et le cavalier répondant aux aspirations du plus grand nombre.
Je l’accuse enfin d’ignorer le message des professionnels équestres qui agissent sans domination, dans l’écoute du souffle et des silences, et qui cultivent une relation de sujet à sujet, où le couplage d’esprit devient matière vivante.
■ Témoignage d’artiste-cavalier : Je n’ai pas dressé mon cheval, je me suis joint à son élan
Bref j’accuse notre Système d’enseignement d’engendrer une équitation qui n’est pas à la hauteur de celle classée au patrimoine immatériel de l’Humanité.
Je plaide pour une refonte de l’enseignement qui prenne en compte une éducation parallèle du cavalier et du cheval (l’art de l’amener de bon gré au dialogue) en s’appuyant à la fois sur l’équitation d’adhésion proposée par nos maîtres en légèreté depuis La Guérinière et Baucher et sur l’expérience de l’équitation dite éthologique de nos centres opérateurs agréés. D’autant que ces deux courants partageant la même philosophie, il est possible de créer une équitation de légèreté de tradition française par l’éthologie fusionnant ces deux pratiques.
Je plaide pour un enseignement qui adopte comme devise : « OBSERVER POUR COMPRENDRE et COMPRENDRE POUR APPRENDRE ». D’autant que, dans sa deuxième partie, elle s’applique autant au cavalier qu’au cheval.
Acte VI – L’équitation, une pratique globale
J’accuse notre Système de réduire l’équitation française a une pratique sans dimension alors que l’équitation d’adhésion apporte des bienfaits fondamentaux concernant le développement de la personne et la structuration psychique des apprentis cavaliers.
Je cite : s’affirmer et acquérir une autorité vraie, basée sur l’ascendant et le charisme et non plus sur l’autoritarisme ; assimiler les notions de respect des règles, de travail et de rigueur ; apprendre à gérer une relation avec un être impressionnant, beaucoup plus puissant que soi ; apprendre à contrôler son esprit en bannissant la colère et en cultivant le calme et la patience ; progresser par la remise en question ; s’exercer à la bienveillance, découvrir l’estime de l’autre et la gratitude, développer l’empathie, l’écoute et l’observation ; etc.
■ Guillaume Henry : La pratique de l’équitation n’est pas qu’un loisir, elle est un projet de société
Je plaide pour introduire dans notre enseignement les notions d’éducation relatives à la structuration et à le socialisation de la personne, qui concerne aussi bien le cavalier que le cheval.
Acte VII – L’heure du changement
Il est temps que l’enseignement de l’équitation se démarque d’une instruction à visée exécutoire et pratique une pédagogie qui associe le comment au pourquoi, ouvre au dialogue et établisse une rencontre d’esprit à esprit avec le cheval.
Le changement de mentalités nécessaire à cette refondation ne peut émerger chez les décideurs de notre équitation que si une majorité d’équitants se manifeste au sein d’un collectif que nous désirons ouvert et non contraignant.
C’est pourquoi nous vous proposons la pétition ci-après que vous pourrez signer en cliquant sur le lien qui la termine.
Pétition pour une refondation éthique de l’équitation française
À l’attention des décideurs de nos institutions équestres!
Pour une équitation qui pense, qui ressent, qui relie et un enseignement qui transforme le geste mécanisé en geste compris et le cheval instrument en cheval partenaire
📣 Pourquoi cette pétition ?
L’équitation en France reste prisonnière d’un modèle d’instruction aux relents militaires.
Nous appelons à une refondation éthique de notre enseignement, fondée sur une nouvelle vision du cheval, être vivant sensible et pensant, ouvert au dialogue, et à une pédagogie relationnelle, fidèle à l’enseignement de nos maîtres en légèreté (La Guérinière, Baucher et suivants) et éclairée par les avancées de l’éthologie, de la psychologie et des neurosciences.
🎯 Nos demandes concrètes :
Plus précisément, nous appelons à une pédagogie qui :
- éduque en parallèle le cavalier et le cheval (l’art de le rendre malléable de bon gré)
- invite à observer pour comprendre et comprendre pour apprendre
- intègre pleinement la descente des aides comme art de la confiance
- place au cœur des programmes le tact équestre, le sens et la mesure du geste comme fondements de la bientraitance de l’animal
Pourquoi signer ?
En signant cette pétition, vous :
- rejoignez un collectif de cavaliers, enseignants, artistes, professionnels, chercheurs et passionnés qui souhaitent faire évoluer l’équitation française, seule façon de faire bouger les choses,
- affirmez votre engagement pour une équitation respectueuse, intelligente et ludique.
- Je signe pour un enseignement de l’équitation qui relie le geste au sens,
le corps à l’esprit, le cavalier au cheval. - Pour signer la pétition, cliquer sur le lien ci-dessous :
- Pour une refondation éthique de l'enseignement de l'équitation