La tâche de tout éducateur, qu’il appartienne au règne animal ou à l’espèce humaine est en effet d’amener l’apprenant à l’autonomie. C’est le rôle de toute "famille". Confié le plus souvent à la mère chez les mammifères ou au couple chez les oiseaux (même si le canard a d’autres chat à fouetter et que le coucou confie cette tâche à une famille d’accueil !).
Les éducateurs du petit d’Homme (parents et entourage, enseignants, coachs et entraîneurs, etc.) y parviennent en le structurant d'une part, c'est-à-dire en transformant l’enfant dépendant en adulte autonome possédant, comme le dit notre lecteur, les capacités d’initiative et de décision lui permettant d'acquérir l’indépendance mentale et matérielle. En le socialisant d'autre part pour qu’il puisse vivre harmonieusement avec ses semblables en respectant les règles du groupe social dans lequel il évolue.
Un autre de mes lecteurs qui fut enseignant et qui est aussi homme de cheval traduit plus généralement ces objectifs par "l'intégration harmonieuse dans un environnement social donné". Il ajoute : "Vu le fait que je ne peux pas prévoir ce que sera devenue notre société quand mon petit-enfant aura 45 ans, personnellement, je mettrai ces points en majuscule : Confiance en soi, Esprit critique , Curiosité, Remise en question des informations reçues, Courage de nager à contre courant, Capacité de nager avec le courant en fédérant un groupe choisi, pas imposé, Capacité de bien choisir ce groupe, ses références, Capacité d’écouter l’autre, Capacité d’exprimer ce qu’on veut, Capacité de trouver une entente . . ."
Structurations croisées de l'enfant qui acquière un savoir-faire et du cheval qui a appris à donner les pieds
Pour l’animal, si le rôle de ses éducateurs (sa mère pour le poulain ainsi que ses congénères lorsqu’il est en troupeau) consiste effectivement à le faire accéder à l'autonomie animale, celui de son éducateur humain a pour objectif de l’intégrer harmonieusement dans l’environnement proche de l'homme qui va devenir le sien. D’où l’importance des "désensibilisations" (en fait des habituations) au début de son éducation (débourrage) qui consiste à ce qu’il se laisse toucher partout, à donner les pieds, accepter une charge sur son dos, entrer dans des brancards, etc. (la liste est loin d’être exhaustive)… sans pour autant perdre la sensibilité qui lui est propre. Il s’agit là d’une structuration, la socialisation consistant à lui apprendre les règles à respecter pour un "vivre ensemble" harmonieux ainsi que les termes du langage nécessaire à l’accomplissement de ses fonctions de façon bienveillante, pour qu’il s’y prête "de bon gré" .
Nous voyons qu’en fin de compte, les deux éducations, partageant les mêmes buts, restent proches l’une de l’autre même si les moyens pour y arriver restent différents. Accessoirement, n'oublions pas que cet essai a comme objectif de dégager les fondamentaux de l'éducation, non de proposer des buts pédagogiques précis. Même si je suis bien d'accord avec ces deux lecteurs.
1 De Hughes -
Si l'apprentissage de l'autonomie se comprend bien pour l'éducution humaine qu'en est-il pour l'éducation d'un animal quand on est soit même Homme et non ses parents animaux?
2 De Stéphane Bigo -
@ Hughes.
Comme je l'explique dans mon billet, l'éducateur humain n'a pas la charge d'assurer l'autonomie de l'animal, ça ne peut être que le rôle de ses parents naturels et de ses congénères. Un animal élevé par l'homme aura d'immenses difficultés à revenir à l'état sauvage.
3 De Maikan -
"Dégager les fondamentaux de l'éducation" voilà quelques chose qui semble précieux et d'actualité. De tant vouloir "à qui mieux mieux" en matière d'éducation et de méthodes pédagogiques, on en oublie les fondamentaux, on se perd dans un labyrinthe de contradictions et de va-et-tour qui empêchent de voir un issue de bon sens. En la matière, un excellent exercice avec un cheval est de le déplacer d'un point à un autre, si possible sans la longe. Saurons-nous le convaincre tout en gardant notre objectif ?