Quelle différence entre l’apprenant animal et l'apprenant humain ?

Un lecteur me fait une remarque intéressante sur les thèmes concernant ma définition de l'éducation (p. 134 et 35 de mon essai) : « Entre l'apprenant animal et l'apprenant humain, me dit-il, il y a une différence majeure. Vis à vis du second, un autre objectif s'ajoute pour l'enseignant, le faire accéder à l'autonomie (indépendance mentale et matérielle avec la capacité d'initiative et de décision) » Qu'en est-il ?

La tâche de tout éducateur, qu’il appartienne au règne animal ou à l’espèce humaine est en effet d’amener l’apprenant à l’autonomie. C’est le rôle de toute "famille". Confié le plus souvent à la mère chez les mammifères ou au couple chez les oiseaux (même si le canard a d’autres chat à fouetter et que le coucou confie cette tâche à une famille d’accueil !).

Les éducateurs du petit d’Homme (parents et entourage, enseignants, coachs et entraîneurs, etc.) y parviennent en le structurant d'une part, c'est-à-dire en transformant l’enfant dépendant en adulte autonome possédant, comme le dit notre lecteur, les capacités d’initiative et de décision lui permettant d'acquérir l’indépendance mentale et matérielle. En le socialisant d'autre part pour qu’il puisse vivre harmonieusement avec ses semblables en respectant les règles du groupe social dans lequel il évolue.

Un autre de mes lecteurs qui fut enseignant et qui est aussi homme de cheval traduit plus généralement ces objectifs par "l'intégration harmonieuse dans un environnement social donné". Il ajoute : "Vu le fait que je ne peux pas prévoir ce que sera devenue notre société quand mon petit-enfant aura 45 ans, personnellement, je mettrai ces points en majuscule : Confiance en soi, Esprit critique , Curiosité, Remise en question des informations reçues, Courage de nager à contre courant, Capacité de nager avec le courant en fédérant un groupe choisi, pas imposé, Capacité de bien choisir ce groupe, ses références, Capacité d’écouter l’autre, Capacité d’exprimer ce qu’on veut, Capacité de trouver une entente . . ."

Structurations croisées de l'enfant qui acquière un savoir-faire et du cheval qui a appris à donner les pieds

Pour l’animal, si le rôle de ses éducateurs (sa mère pour le poulain ainsi que ses congénères lorsqu’il est en troupeau) consiste effectivement à le faire accéder à l'autonomie animale, celui de son éducateur humain a pour objectif de l’intégrer harmonieusement dans l’environnement proche de l'homme qui va devenir le sien. D’où l’importance des "désensibilisations" (en fait des habituations) au début de son éducation (débourrage) qui consiste à ce qu’il se laisse toucher partout, à donner les pieds, accepter une charge sur son dos, entrer dans des brancards, etc. (la liste est loin d’être exhaustive)… sans pour autant perdre la sensibilité qui lui est propre. Il s’agit là d’une structuration, la socialisation consistant à lui apprendre les règles à respecter pour un "vivre ensemble" harmonieux ainsi que les termes du langage nécessaire à l’accomplissement de ses fonctions de façon bienveillante, pour qu’il s’y prête "de bon gré" .

Nous voyons qu’en fin de compte, les deux éducations, partageant les mêmes buts, restent proches l’une de l’autre même si les moyens pour y arriver restent différents. Accessoirement, n'oublions pas que cet essai a comme objectif de dégager les fondamentaux de l'éducation, non de proposer des buts pédagogiques précis. Même si je suis bien d'accord avec ces deux lecteurs.

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