Transformer l'acte conscient en acte réflexe ?

Un lecteur m'écrit : « "Transformer l'acte conscient en un acte réflexe plus performant" peut être un objectif de l'enseignant vis à vis de l'apprenant animal, mais c'est beaucoup plus discutable vis à vis de l'apprenant humain (p. 41 de ton essai) »

Ce texte dans mon essai s'inscrit dans un sous-chapitre dont le titre est : « Vertus de la répétition ». J'ai conscience que la répétition n'a pas que des vertus.

Le mode de conditionnement dans de nombreuses cultures consiste à faire répéter indéfiniment des textes à des élèves en bas âge pour les formater à la culture dominante de l'enseignant. Il s'avère que ce conditionnement s'imprime durablement et qu'il devient très difficile de s'en débarrasser. Harmonie Babin (qui fait de judicieuses remarques dans mon essai) souligne que : Proposer une pédagogie seulement basée sur la répétition n'invite pas l'apprenant à penser, à critiquer, à développer son raisonnement.

Si l'on veut qu'une information, c'est-à-dire une donnée quelconque, puisse faire l'objet d'une réflexion critique, il est important de la traiter. Harmonie précise : Traiter davantage l'information signifie la manipuler, ressentir, réfléchir, verbaliser et généraliser. Ce qui consiste à la relativiser, seul moyen à mon avis d'accéder à l'universel. De ce point de vue, le conditionnement monoculturel est restrictif, voire nuisible. C'est pourquoi je préconise le voyage pour se frotter à d'autres manières de penser, de se comporter, d'autres valeurs, d'autres cultures. Relativiser est le moyen de se forger une opinion personnelle référente, celle qui permet à l'autre d'être compris et à soi de remonter aux causes premières. C'est le secret de la démarche dialectique platonicienne que je préconise (voir p. 59 de mon essai).

La réflexion de ce lecteur est donc tout à fait pertinente dans le domaine du savoir-être. Dans celui du savoir-faire, la répétition n'a que des vertus.

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C'est elle et elle seule en effet qui permet à une assemblée de neurones de se former et d'acquérir le "coup de main" du geste parfait, l'habileté du maître. Cet organe comportemental qui va gérer le geste de façon inconsciente libèrera l'esprit et lui permettra d'affiner, d'adapter ce geste aux circonstances particulières de l'action à entreprendre. C'est alors que nous ferons de la belle ouvrage, que nous aurons le sentiment du devoir accompli et, cerise sur le gâteau, que nous pourrons être fier de nous.

Pourquoi cette légitime fierté ? Parce qu'ainsi, nous avons harmonisé, créé de l'équilibre, mis de l'ordre. Ce qui est une action de vie d'après Schrödinger[1], un des fondateurs de la physique quantique, la vie consistant à créer de l'ordre à partir du désordre. Ce qui implique que celle-ci n'est pas qu'une manifestation organique mais qu'elle est déjà présente dans l'univers depuis le big bang et qu'elle a procédé dès l'origine à la transformation de l'énergie en matière suivie de l'organisation des particules en atomes, en molécules puis en cellules. La vie serait donc en opposition avec le second principe de la thermodynamique qui déclare que le degré de désorganisation de l'univers (son entropie) ne cesse croître. Vertigineux !

Note

[1] auteur de Qu'est-ce que la Vie ?

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