Ce matin, à l’église Saint Sauveur, les Vallonnés ont fait le job. Il suffisait de s’asseoir sur un banc. Même pas besoin d’écouter. Le chant emplissait l’espace et nous transportait. D’abord dans le sacré du grégorien qui élève l’esprit en parcourant le rituel de la messe, puis dans les arbres où chantent les oiseaux, pour se fondre dans la grande pensée vibratoire de l’Univers aux multiples facettes.
Je prenais soudain conscience que ces chants donnaient de l’ampleur à mon âme. Exactement comme lors de ma traversée du désert d’Atacama à cheval. Au fur et à mesure que j’avançais dans cette plénitude minérale, le rein bercé de la danse cosmique du pas animal, je réalisais que mon âme, initialement limitée à l’horizon organique des paysages familiers, occupait maintenant tout l’espace, jusqu’aux bords des mondes, là où le ciel et la terre se rejoignent.
D’où provenait la magie de cette musique des anges ? Chacun des choristes qui nous faisaient face avait en réalité deux voix, celle de tous les jours aux intonations ordinaires, et une autre angélique, aux inflexions célestes. Voix profondes et puissantes des basses, claire et lyrique des ténors, chaude et veloutée des altos, cristalline et lumineuse des sopranos. Mais la magie venait d’ailleurs : elle tenait à l’harmonie de l’ensemble. Laquelle naissait d’un petit bout de femme qui dansait et chantait au centre de l’aréopage. Une elfe, incarnation vivante de la musique, d’où partaient des ondes de vie qui la reliait à chacun des chanteurs, eux-mêmes sources de ces émotions qui se répandaient dans nos âmes. La musique des Vallonés, exaltante, primesautière, envoûtante, est une poésie nymphéas, une immersion poétique dans les hautes sphères de l’esprit.
Une chorale produit une harmonie très particulière, à la fois fluide et feutrée mais dans le même temps profonde et puissante, claire et lyrique, chaude et veloutée, cristalline et lumineuse qu’aucun orchestre ne peut reproduire. Elle crée une atmosphère musicale unique qui s’infiltre partout et qui entre en résonance avec tout ce qui vibre autour d’elle, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de nos enveloppes physiques, comme si elles étaient transparentes. En plus, chez les Vallonés, chaque tessiture reste présente créant un ensemble vibrationnel d’une richesse sans égal.
J’imaginais l’expérience spirituelle que cette chorale faisait vivre à chacun des chanteurs. Avec une elfe comme guide ! Excusez du peu ! Par quelle magie avait-elle transmise cette voix des anges à ses choristes ? Une amie, cavalière, chanteuse et animatrice me disait que la voix ordinaire passait mal à la radio et qu'elle utilisait sa voix de chanteuse pour ses émissions, plus feutrée, plus chantante, plus expressive… une voix qui, me disait-elle, faisait merveille avec son cheval !
Suivre des cours de chant pour parler à son cheval ou à ses élèves ? L'idée m'est apparue lumineuse.